Vincent Lacroix

Vincent Lacroix a mis Norbourg et ses sociétés satellites en faillite

A la surprise générale, l'ancien pdg de Norbourg, Vincent Lacroix, a mis la compagnie, ses sociétés satellites ainsi que quelques uns des fonds qu'elle gérait en faillite jeudi après-midi.

Les biens de l'entreprise ont été cédés à RSM Richter, qui agira comme syndic dans ce dossier. M. Lacroix a précisé qu'il avait l'intention de collaborer pleinement avec les responsables de la firme.

Dans un communiqué, le financier a expliqué qu'à son avis "cette mesure était requise dans les circonstances et constituait le véhicule le plus approprié permettant aux investisseurs et aux autres créanciers du Groupe Norbourg de protéger leurs intérêts."

D'après son avocat, Jacques Rossignol, de l'étude Lapointe Rosenstein, les épargnants seront mieux servi par un syndic dont les pouvoirs sont plus étendus et mieux balisés que ceux de l'Autorité en matière de liquidation.

"Il pourra voir à ce que la meilleure transition se fasse et dans les meilleurs délais", a-t-il fait valoir.

Par sa décision, M. Lacroix coupe en quelque sorte l'herbe sous le pied de l'Autorité des marchés financiers qui devait demander vendredi au Bureau de décision et de révision en valeurs mobilières (BDVRM) d'ordonner la liquidation de Norbourg.

On ne sait pas encore si le débat prévu aura lieu puisque la Loi sur la faillite et l'insolvabilité entraîne normalement une suspension de toutes les recours contre une entreprise.

A l'Autorité des marchés financiers, le porte-parole Philippe Roy a reconnu que l'annulation de la requête était l'une des avenues envisagées.

"Nous avons appris comme tout le monde et nos avocats se penchent actuellement sur les implications que cela relativement à notre demande", a-t-il expliqué à La Presse Canadienne.

La liquidation de Norbourg a été recommandée par l'administrateur provisoire de la firme Ernst&Young au terme d'un mois de travail au sein de l'entreprise.

La mise en faillite de Norbourg par son principal actionnaire aura vraisemblablement pour effet de lui retirer le contrôle des actifs et documents de l'entreprise et de ses fonds.

Vincent Lacroix n'aura cependant aucun contrôle sur le travail du syndic qu'il a choisi. Comme dans toutes les faillites, ce dernier est en effet un officier de la Cour.

Une enquête préliminaire des autorités en valeurs mobilières a démontré que 130 millions $ ont disparu des coffres de la société d'investissement. Par ailleurs, 19 des 31 fonds Norbourg et Evolution que gérait la compagnie de Vincent Lacroix sont aujourd'hui à peu près vide, c'est-à-dire qu'ils contiennent moins de 300 000 $.

Jusqu'à maintenant, les enquêteurs ont identifié pour 85 millions $ de "retraits irréguliers" des comptes de la société chez son dépositaire, Northern Trust. De ce montant, 58 millions $ auraient servi à faire des acquisitions, à financer les activités de la société ou à emplir les poches d'un ou plusieurs individus.

D'après les premières évaluations, environ 9200 personnes seraient directement concernées par le scandale.

Afin d'amoindrir leurs pertes, l'Autorité a décider d'intenter elle-même - donc aux frais des contribuables - une série de recours contre les personnes et compagnies ayant joué un rôle dans cette affaire.

Des accusations criminelles pourraient aussi être portées contre les responsables. Une escouade de policiers spécialisés, l'Equipe intégrée de la police des marchés financiers (EIPMF) travaille actuellement à valider certaines découvertes des enquêteurs et de l'administrateur provisoire.